Lyon, capitale de l’étrange: Philippe de Lyon Père des pauvres

Lyon, capitale de l’étrangeMonsieur Philippe le Père des pauvres

Maitre Philippe de Lyon. Monsieur Philippe le Père des pauvres.
Autre article sur Maitre Philippe, de Lyon.
Je trouve cet article sur internet.
J’en ai trouvé plein, aux archives municipales en 1999, des articles, tous plus sales les uns que les autres, sur Maitre Philippe. Dès que je trouve quelque chose, je le récupèrerai sur ces pages.

Lyon, capitale de l’étrange: Monsieur Philippe le Père des pauvres

Le « Père des pauvres »
La séparation de l’Eglise et de l’Etat est consommée en 1905, à l’aube du nouveau siècle. La même année, Anthelme Nizier Philippe est enterré au cimetière de Loyasse. Sa tombe reste, de nos jours encore, la plus fleurie du cimetière, preuve, s’il en fallait, de l’impact que le Maître Philippe, ou Monsieur Philippe comme on l’appelait plus volontiers, eut sur Lyon. Le centenaire de sa mort a encore très récemment attiré l’attention sur la vie de ce guérisseur qu’on assimile un peu vite à l’occultisme lyonnais.
Car Philippe n’était ni un mage, ni vraiment un thaumaturge, mais un mystique profondément pieux, persuadé de n’être qu’un instrument entre les mains de Dieu. Ses séances de guérison, qui drainent parfois plus d’une centaine de personnes, il les consacre en grande partie à transmettre à ses « ouailles » les valeurs de l’évangile et la parole du Christ. En d’autres circonstances, l’Eglise aurait pu en faire un saint, mais, à l’instar de Pauline Jaricot, il fut relativement méfiant à l’égard de l’orthodoxie catholique romaine, incarnant davantage le caractère à la fois mystique et social de l’« école mystique de Lyon », et se démarquant délibérément de l’Eglise institutionnelle, notamment dans ses relations, comme on va le voir.
Philippe arrive à Lyon en 1863 à l’âge de quatorze ans pour apprendre le métier de boucher avec son oncle. Curieux de nature, avide de savoir, il prend des cours chez les maristes, et obtient un certificat de grammaire. Très tôt, il acquiert la réputation de posséder des pouvoirs de guérisseur ; à l’époque Lyon est encore sous l’emprise de la fièvre spirite, et il trouve naturellement un écho favorable à sa pratique peu orthodoxe de la médecine parmi la population de canuts. Cependant, il va vite connaître ses premiers déboires avec la médecine officielle : il prend soin de produire devant notaire des décharges sous forme de témoignages signés par ses patients pour se couvrir des accusations d’exercice illégale de la médecine portées contre lui. En 1874, il s’inscrit comme officier de santé à l’Hôtel Dieu, mais sa pratique très particulière de la médecine lui vaut de se voir refuser le renouvellement de son inscription.

Monsieur Philippe

Sa réputation de guérisseur va grandissante : il fait preuve d’une grande humilité, et refuse généralement d’être payé pour ses services. La mort de Kardec en 1869, puis la guerre contre l’Allemagne ont sérieusement entamé le mouvement populaire spirite ; les groupes se sont isolés, et le phénomène se marginalise sous l’effet de la répression organisée par le proconsul Ducros, délégué à Lyon par le gouvernement de l’Ordre Moral. D’une certaine manière, Philippe reprend le flambeau, en incarnant à son tour les fantasmes cristallisés par le mouvement spirite.
Son mariage avec la fille d’un riche industriel lyonnais, Jeanne Landar, en 1877 va le mettre à l’abri du besoin, et lui laisse le loisir de se consacrer à son art. Et surtout, il peut se permettre d’exercer gratuitement, ce qu’il fait dans un hôtel particulier acheté au 35 de la rue Tête d’Or, en pleine ville. C’est là qu’il recevra les laissés pour compte de la médecine officielle, les malades en panne d’espoir, ou simplement des gens venus assister à ses harangues évangélistes.
Sa réputation à Lyon est faite, mais son aventure ne s’arrête pas là.
A la fin du siècle, Philippe fréquente le docteur d’Encausse, autrement connu sous le nom de Papus, arrivé à l’occultisme (on le décrit volontiers comme le Balzac de l’occultisme) après avoir été matérialiste convaincu, comme l’étaient beaucoup de jeunes enthousiastes de la science à la fin du XIXème. Le médecin occultiste, à cette période de sa vie, incline à une sorte de mysticisme christique : encouragé par son ami Marc Haven, gendre du mystique de Lyon, il trouve en Philippe le maître qu’il cherche, et ne le quittera plus.

Papus a à peine 25 ans, en 1887, lorsque, pour rénover le martinisme, il fonde un Ordre Martiniste. Mais il n’est pas le premier de la longue lignée des disciples de Martinès de Pasqually à perpétuer la mémoire du maître. Joseph de Maistre avait créé, au cours de son séjour en Russie entre 1802 et 1816, un Centre Martiniste qui allait avoir une influence considérable sur l’aristocratie russe au cours du XIXème siècle, en grande partie parce que la franc-maçonnerie y étant interdite, les loges martinistes permettaient d’en perpétuer les rites. Les relations entre la France et la Russie, cordiales à la fin du XIXème siècle, se concrétisent par les accords Franco-russes de 1891, et le tsar effectue plusieurs voyages politiques en France ; son premier déplacement en 1896 lui offre l’occasion de tisser des liens avec le milieu martiniste français, et notamment avec Papus, avec qui il va entretenir une relation épistolaire.

Papus ne cesse de vanter les mérites de son mentor Philippe à la cour du tsar, tant et si bien qu’il convainc certains membres de la famille impériale de faire le déplacement jusqu’à l’Arbresle pour rencontrer le thaumaturge. Ceux-ci reviennent enchantés de leur rencontre. Le tsar profite d’un voyage à Compiègne en 1901, pour croiser enfin cet homme dont la réputation fait tant parler sa cour. Visiblement les deux hommes se plaisent : Philippe est invité à Saint-Pétersbourg. Il prend rapidement sur Nicolas II et son épouse une ascendance importante, occupant une place qu’un autre personnage auréolé de mystère occupera quelques années plus tard : Raspoutine. Philippe va effectuer plusieurs séjours en Russie en 1901 et 1902, non sans soulever beaucoup d’inquiétude de la part du gouvernement français, qui s’est vu interpelé par le tsar pour que Philippe obtienne un doctorat de médecine et ne comprend pas l’intérêt du tsar pour le thaumaturge, autant que des russes eux-mêmes : l’Eglise orthodoxe russe est très contrariée par l’emprise de ce « mage » sur le couple impérial. Finalement, le lyonnais doit quitter Saint-Pétersbourg, mais il restera toute sa vie durant en contact épistolaire avec la cour impériale. Cet épisode russe marquera cependant pour Philippe le début d’une surveillance policière oppressante : son courrier est ouvert, des policiers sont en faction permanente devant le domicile lyonnais de la rue Tête d’Or où il reçoit ses malades.

Victoire Philippe philippedelyon.frSa fille Victoire, épouse du docteur Lalande, dit Marc Haven, meurt prématurément, en 1904, à l’âge de 26 ans. Son père, qui l’adorait, ne s’en remet pas et la suit de peu dans la tombe en 1905. Ses amis et disciples, pour certains d’anciennes figures de l’occultisme convertis à l’évangélisme de Monsieur Philippe, perpétuent sa mémoire pendant la première moitié du XXème siècle, dans des ouvrages ou conférences, fondant aussi des associations, comme l’Entente Amicale Evangélique.

Cet article vient de la bibliothèque municipale de Lyon: http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1070#six devenu: linflux.com/2016/lesoterisme-social-a-lyon/#chapitre2

Plusieurs données sur Monsieur Philippe sont erronées, voire fausses dans cet article. Par exemple, il ne découvre pas les déboires avec la médecine officielle. Il est très difficile de dire qu’il sait qu’il va avoir ces soucis. Il sait qu’il ne peut en être autrement avec le pouvoir médical. Il sait qu’il aura des procès intentés contre lui par le corps médical, tout au long de ses guérisons à Lyon. Il guérit un très grand nombre de patients, dont beaucoup envoyés par les mêmes médecins qui vont l’attaquer, pour exercice illégal de la médecine.

La guérison par l’intercession de la prière ne fait pas partie des enseignements en médecine.

Philippe de Lyon n’avait pas besoin d’être persuadé d’être un instrument entre les mains de Dieu. Il était un des plus importants soldats du Ciel, près de Jésus. Il était donc un instrument venu en mission pour expliquer les évangiles tels que nous devrions les appliquer. On pourrait presque dire qu’il est venu aplanir certains obstacles et nous éclairer sur les enseignements de Jésus, qui dans les évangiles sont un peu trop obscures pour nous autres humains.

Monsieur Philippe sera en effet extrêmement affectée de la disparition de sa fille, mais il savait qu’elle était sur Terre pour très peu de temps. Lui-meme ne devait pas rester bien longtemps.

L’entente entre la famille impériale russe et Philippe de Lyon est allée bien au-delà des ces apparences. Les menaces gouvernementales n’étaient que pour le couple impérial, ils n’auraient pas compris sinon le départ de Monsieur Philippe.

Il n’est pas dit que ce soit grâce à son mariage avec Jeanne Landar, héritière d’une riche famille, qu’il va guérir gratuitement.

« refuse généralement d’être payé pour ses services »………Autre bêtise: Monsieur Philippe n’a jamais demandé de « monnaie de César » comme il appelait l’argent. Le seul paiement qui ait jamais été demandé était de ne médire de personne, d’aimer les autres comme soi-même,  de faire des efforts sur l’orgueil.

Edit mars 2015….: cet article, un des premiers de de ce blog consacré à Philippe de Lyon, est né des lectures des principaux livres. L’expérience de ces 3 ans et quelques mois de site, en mars 2015 donc, ont permis d’analyser, avec sources et objectivité sans oublier le respect du sujet, quelques points soulevés sur ces lignes. La lecture du site, article après article, permet de réaliser qu’il faut prendre une très notable distance avec les dites lectures. Le contenu de cet article, comme des suivants n’est pas modifié pour autant. Les publications, depuis cet article, comme les suivants, se font au fur et à mesure des découvertes et des sujets sur lesquels il semble normal de se pencher.

11 réflexions sur « Lyon, capitale de l’étrange: Philippe de Lyon Père des pauvres »

  1. J’ai pour principe de ne pas me contenter des témoignages souvent repris, rabachés, modifiés depuis plus d’un siècle. J’ai toujours essayé de trouver des ouvrages qui ne font pas partie de la « mouvance » Philippe, ceci pour éviter les écrits de sa légende dorée.
    Voici un autre passage publié en 1902 dans le Spiritualisme et l’Occultisme par Papus. Il ne cite aucun nom mais son message est transparent, surtout en 1902. Ce passage est considérable et je ne comprends pas que ceux qui connaissent tout sur Monsieur Philippe n’en n’aient jamais fait au moins allusion.
    Je connais personnellement en France un être humain doué de pareils pouvoirs. J’ai vu, en compagnie d’autres confrères médecins, des mal de Pott disparaitre en quelques minutes, des tibias se redresser, pour ne parler que des faits médicaux. La guérison est d’autant plus foudroyante que les parents (quand il s’agit d’enfants) ou les solliciteurs ont d’avantage souffert ou ont fait plus de bien anonyme autour d’eux. Il est souvent défendu au théurge de guérir l’enfant de millionnaires égoïstes, alors qu’une pauvre marchande des rues verra son petit instantanément arraché à la mort. Le temps et la distance n’existent pas pour les oeuvres de théurgie, et l’opérateur verra et agira aussi bien de Lyon à Paris que d’une rue à une autre. Il est défendu de nommer directement ceux qui ont de tels pouvoirs, et le silence est ce qu’ils recherchent par dessus tout. On me permettra de me conformer à cette règle, d’autant plus que nous devions simplement différencier ici la théurgie de la magie.

    1. Superbe message Nepomucène
      Il me semble avoir lu ce témoignage de Papus dans un de ses livres, ou dans un écrit y faisant allusion, ou dans le meme livre.

      Chaque témoin a vécu le fait, les faits, à sa façon
      Chacun nous livre un témoignage….à sa façon
      Libre à nous de l’interpréter
      Mais….certains voudraient tellement retrouver un équivalent de Monsieur Philippe, ….
      :-)

      1. Peut-on considérer, eu égard à son immense personnalité, à ses tenants et à ses aboutissants, Papus comme un simple témoin parmi les autres ? Pour mémoire, avec monsieur Philippe, ils sont allés ensemble (en mission ? ) en Russie. Une fois encore ce texte permet de vérifier ou non la véracité de certains témoignages.

        1. Certes pas, au même titre qu’un autre témoin, un de ses proches amis, Marc Haven (Emmanuel Lalande), le témoignage de Gérard Encausse (Papus) est en effet clairement à part.
          Mon propos tenait plutôt sur le fait que ces témoignages, tout en étant tout à fait sérieux, ne sont que des reflets de leur propre perception de ce qui se passait devant eux.
          Leur témoignage, participe, comme d’autres éléments, à nous faire une idée, personnelle à chacun de ce qui se déroulait sous leurs yeux.

          Compte tenu des doutes qui surgissent un petit peu partout… Heureusement qu’il y a quelques éléments sérieux.

    2. Puisque Papus évoque la personnalité de Monsieur Philippe et qu’à cette occasion il parle de théurgie, voici deux illustrations parues dans un ancien ouvrage de théurgie, justement. Cela ne vous rappelle rien ?

      http://www.philippedelyon.fr/wp-content/uploads/ecriture-glyphe-theurgie-www-philippedelyon-fr.jpg

      http://www.philippedelyon.fr/wp-content/uploads/ecriture-glyphe-theurgie2-www-philippedelyon-fr.jpg

      Sans oublier

      http://www.philippedelyon.fr/wp-content/uploads/fleches-glyphe-theurgie-arbre-www-philippedelyon-fr.jpg

        1. Rectificatif : seule la représentation de l’arbre provient du livre de Philippe Encausse. En effet les deux premières proviennent d’un ouvrage étudiant la théurgie dans une branche particulière de la Tradition, branche importante et reconnue par certains Connaissants. Comme le suggère Papus, la théurgie est un art difficile, voire dangereux donc les références précises ne seront pas données ici ; ne dit-on pas que lorsque le disciple est prêt, le Maitre arrive…
          Il est intéressant de constater qu’ainsi nous retrouvons ce phénomène de glyphe bien ailleurs que dans ce qu’il est convenu d’appeler la mouvance Philippe, et que nous avons déjà suffisamment présenté sur ce site. Il ne s’agit donc pas là d’une fantaisie quelconque, mais bien d’une expression précise.

          1. Oupsssssss
            Nous allons cependant, pour ce sujet aussi, de surprises en surprises, puisque des commentaires sont venus nous dire, sur ces mêmes glyphes, qu’il s’agissait d’un signe de reconnaissance pour les « visiteurs habitués » du clos….Nous ne sommes pas à ça près dans les aberrations…
            Mea culpa…Plusieurs signatures notamment dans ce livre m’ont fait penser que ces illustrations y figuraient.

    3. De plus, cet écrit (je connais personnellement …) est une récidive de la part de Papus. Et ce n’est pas une simple impression car la note ajoutée par Philippe Encausse ne laisse aucun doute ! Une fois encore il est étonnant qu’aucun des témoins ou analyste ne l’ait remarqué.
      Car il écrit en 1898 dans la Science des Mages (chapitre la voie cardiaque ou mystique) :
      …Je connais un homme simple, n’ayant jamais lu un livre et qui peut mieux résoudre les problèmes les plus ardus de la science que tel académicien célèbre : il existe de pauvres gens qui n’ont ni diplôme, ni années d’études et auxquels le ciel est si ouvert que les malades guérissent à leur demande et que les méchants sentent leur coeur se fondre en mode de charité à leur approche… La voie du développement spirituel est simple et claire « vivre toujours pour les autres et jamais pour soi », faire aux autres ce que vous voudriez qui vous fût fait dans tous les plans -ne jamais mal parler et ne jamais mal penser des absents. Faire ce qui coûte avant ce qui plait – Telles sont quelques unes des formules de cette voie qui aboutit à l’humilité et à la prière (1)…
      (1)note de bas de page ajoutée dans la réédition de 1956 par Philippe Encausse : cf/l’ouvrage consacré au Maitre Philippe , maitre spirituel de Papus.

  2. Quant au mariage de Jeanne-Julie Landar avec Nizier-Anthèlme Philippe le 6 octobre 1877 à la mairie et en l’église de l’Arbresle, il serait peut être bon de préciser ce qui fut apporté en dot par la mariée : (André Lalande)
    -plusieurs maisons en ville
    -sur les hauteurs de l’Arbresle , le domaine de Collonges, le Clos Landar, dont le château, la vaste terrasse et les beaux platanes qui dominent l’entrée du tunnel où passe l’ancienne ligne du Bourbonnais.
    Il est à remarquer qu’une nette différenciation est faite entre les Collonges, le Clos Landar, le Château, ce qui confirme que la propriété ne se réduisait pas au Clos lui-même, remarque que nous avions faite à l’examen des cadastres et recensements de l’époque. Le tout confirmé par une carte postale visiblement envoyée par un habitué des lieux et détaillant les différentes parties de la colline.
    De plus nous avons ici confirmation que la ligne de chemin de fer existait depuis longtemps, ce qui réduit à néant la pseudo prédiction du train qui arrivera en gare.

    1. Et il est fort étonnant que personne ne parle de la dernière information capitale au sujet du Clos : la mise en bail (certainement emphytéotique) du domaine pour y établir une résidence hotelière. Ce fait est connu et public puisqu’il a fait l’objet de présentation dans les médias, après avoir été approuvé en Commission municipale avec communiqué officiel. Il est bien précisé que si certains batiments trop vétustes (en pisé) de la cour seront démolis, la maison de maitre sera conservée et restaurée avec un rez-de-chaussée respectant la mémoire de la famille Philippe.

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