Le saint curé d’Ars Jean Marie Vianney et Maître Philippe de Lyon

Cure d'Ars Jean Marie Vianney philippedelyon.frLe curé d’Ars et Monsieur Philippe de Lyon: légende ou (im)possible réalité?
Certains livres avancent le fait que Marie Philippe, a rendu visite au curé d’Ars, pendant qu’elle attendait son premier enfant ; le futur Nizier Anthelme Philippe. Jean-Marie Vianney lui aurait alors annoncé la naissance d’un fils très élevé. Nous ne cherchons pas à affirmer que cette hypothèse est forcément impossible, mais à seulement établir que l’on peut avoir des doutes sur certains aspects de cette histoire.

Historiquement, les faits sont possibles

Du point de vue de l’histoire, cette histoire peut s’être déroulée, quelque part, entre le deuxième semestre 1848 et début 1849. Jean-Marie Vianney exerce en effet son ministère depuis déjà des décennies.
Sans prétendre en quoi que ce soit, brosser une quelconque esquisse de ce que fut cette personnalité extraordinaire, notre propos est d’approcher en quelques mots, pourquoi Marie Philippe née Vachod pouvait avoir bien des raisons de se rendre auprès du celui qui allait devenir un des Saints les plus célèbres de France.
Pour se faire, voici un extrait de ce que nous relate le site du Vatican, que nous avons choisit, en regard de soi-disants propos émanant du Pape Jean-Paul II sur le sujet, repris ici et là sur internet:

« …Jean-Marie Baptiste Vianney est mort à Ars le 4 août 1859, après une quarantaine d’années de dévouement épuisant. Il avait soixante-treize ans. A son arrivée, Ars était un petit village obscur du diocèse de Lyon, aujourd’hui de Belley. A la fin de sa vie, on y accourait de toute la France, et sa réputation de sainteté, après son rappel à Dieu, a vite attiré l’attention de l’Église universelle. Saint Pie X le béatifia en 1905, Pie XI le canonisa en 1925, puis, en 1929, le déclara saint patron des curés du monde entier. Lors du centenaire de sa mort, Jean XXIII écrivit l’encyclique Sacerdotii nostri primordia pour présenter le Curé d’Ars comme modèle de vie et d’ascèse sacerdotales, modèle de piété et de culte eucharistique, modèle de zèle pastoral, et cela dans le contexte des besoins de notre temps…. »

Nous pouvons alors comprendre que les pèlerins se déplacent, quand ils le peuvent, pour aller avant tout, voir le curé et, assister à une messe et se confesser.

Il y a donc au moins une trentaine d’années, en 1848, que la commune d’Ars et son petit curé sont connus.
Même si les villageois ne se déplacent que très peu, voire très rarement, ils ont entendu parler de tout ce qui se passe à Ars.

Le monde rural est, le plus souvent, en situation de grande précarité. La plupart des habitants ont l’habitude de se « serrer la ceinture » selon l’expression consacrée. Le mode de vie peut y être extrêmement rude.

Alors voyager…….
L’histoire, ou plus précisément, le contexte historique, dit même que les premiers trains circulent.
Oui, certes, mais à quel prix? Sans compter un tout petit nombre de dessertes. Seules en effet, certaines grandes villes sont concernées
La première gare de Lyon par exemple n’ouvrira qu’en 1884. Or, le fait qui nous occupe remonte à 1848-1849, et qui plus est, se situe en pleine campagne.

Voyager coute cher

N’est-Il pas dit dans les livres, que la famille a très peu de moyens? Nous trouvons « famille modeste », quand ce n’est pas « de pauvres paysans », à peu près partout. Cet aspect économique n’est évidemment pas négligeable.
Si nous lisons quelques témoignages des particuliers qui peuvent rendre visite au curé, il est dit, que les habitants qui n’ont pas les moyens d’un tel voyage, chargent d’un message à l’attention de Jean Marie Vianney, le chanceux, ou la chanceuse, qui a la possibilité de pouvoir se rendre à Ars.

En 1849, nous sommes encore loin de l’arrivée d’un quelconque train, même à Lyon. La plupart des habitants, ne sont jamais sortis de leur village.
Nous trouvons même une allusion à cet état de fait, dans le livre « Révélations, Entretiens spirituels sur le Maitre Philippe », dans une partie relative aux « différentes facettes de la vérité ».

A la vue de ces éléments, nous ne pouvons donc, raisonnablement, envisager que Mme Philippe ait emprunté ce moyen de transport, pour se rendre du lieu-dit Rubatier, au village d’Ars.
Peut-être s’y est-elle rendue à pieds. Mais cette probabilité est peu envisageable, même si nous tenons compte du fait que le curé d’Ars voyageait, selon les récits, de cette façon ; quelque soit la distance.
Des heures de marche séparent les deux communes.

Pourtant, le fait de cette révélation est relaté, et répété dans les premiers livres. Très peu de différences entre les versions….Pour une fois.

Dans les livres

Voici en effet ce que nous rapportent ces lectures:
« Vie et paroles de Maitre Philippe« :
« Lorsqu’elle l’attendait, sa mère fit une visite au curé d’Ars qui lui révéla que son fils serait un être très élevé. Lorsqu’approcha le moment de la naissance, elle se mit à chanter en tenant à la main une branche de laurier. Il faisait un orage épouvantable ; on crut un moment que le village allait être emporté. Puis on vit une grande étoile très brillante. On revit cette étoile le jour de son baptême qui eut lieu à l’église de Loisieux, et le curé en fut frappé. »

« Maitre Philippe de Lyon, thaumaturge et Homme de Dieu » quant à lui nous dit:
« Né de parents français – Joseph PHILIPPE (1819-1898) et Marie née Vachod (1823-1899)
– Nizier Anthelme PHILIPPE vint au monde, en 1849 {9}, au lieu dit « les Rubatiers » hameau d’un petit village de la Savoie, nommé « Loisieux », près de Yenne, à la limite du département de l’Ain. Cette naissance eut lieu dans une humble maison de paysans pauvres. Pendant toute la durée de l’accouchement proprement dit Marie Philippe qui, antérieurement, avait rendu visite au saint Curé d’Ars, pleine d’allégresse, chanta doucement ; elle ne ressentait aucune douleur {10}. Le curé d’Ars lui avait d’ailleurs annoncé que son fils – car il avait parlé d’un fils et non d’une fille – serait un être très élevé. »

Nombre de témoignages et récits existent sur et autour du sujet du saint curé d’Ars. Peut-être y figure-t’il un passage relatif à cette visite?
Le propos n’étant pas de déclarer, et encore moins d’affirmer l’impossibilité de cet évènement.
Le doute étant quelque peu permis, si quelqu’un peut apporter une preuve, un élément, une donnée ; il serait bien d’enrichir le sujet avec une source fiable.

Sans totalement sortir du sujet, pour le cas où la question se poserait d’une éventuelle rencontre entre le curé d’Ars et Monsieur Philippe, Nizier Anthelme avait 10 ans au moment du décès, le 4 aout 1859, de Jean-Marie Vianney…

Nous terminerons avec une citation, malheureusement d’actualité, du « Petit curé d’Ars »
« Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes. »….

Jean Marie Vianney Cure d'Ars philippedelyon.fr

Sources:

Les livres sont listés dans la bibliographie
L’image du haut est extraite d’une video
L’illustration du bas est une photo faite par un ami du site.

7 réflexions sur « Le saint curé d’Ars Jean Marie Vianney et Maître Philippe de Lyon »

  1. Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est le modèle que suivit Jean-Marie Vianney, son saint patron, celui qu’il considéra comme son Maitre spirituel (qui fut par ailleurs un adepte de …la randonnée, comme lui) : Saint Jean-François Régis, le saint de la Louvesc. Clermont, Toulouse, Cahors, Béziers, Auch, Montpellier, Pamiers, on ne compte pas les villes et les campagnes qu’il parcourut avec des auditoires de milliers de personnes, en plein XVII ième siècle ! Un personnage extraordinaire que j’adore…et Jean-Marie Vianney partit faire à pied le pélerinage pour La Louvesc.
    Voici d’ailleurs quelques extraits de Wikipédia qui résument parfaitement sa vie :

    …D’origine simple, Jean-François Régis obtient une bourse pour étudier au collège jésuite de Béziers. Après son entrée au noviciat jésuite en 1616, il suit le cours ordinaire de la formation religieuse, au terme duquel il est ordonné prêtre en 1630 et se voit confier diverses missions d’enseignement qui révèlent ses talents de pédagogue et de catéchiste. …À partir de 1636, il parcourt sans relâche les montagnes du Vivarais, des Cévennes et du Velay surtout en hiver afin d’approcher les paysans libérés des travaux des champs afin de leur annoncer la Bonne Nouvelle.

    Sa catéchèse comme son mode de vie, très austère, sont remarquables et attirent les foules du Puy où il crée même un refuge pour prostituées repenties ce qui lui vaudra beaucoup d’incompréhension. Il s’assure néanmoins une grande popularité dans la ville en prenant la défense des célèbres dentellières et en obtenant du parlement de Toulouse le droit de fabriquer à nouveau la célèbre dentelle du Puy, principal revenu de nombreux habitants pauvres. Visitant les hôpitaux et les prisons, multipliant les actions caritatives ( «œuvre du bouillon» , sorte de soupe populaire ), le géant robuste et pacifique parcourt sans relâche montagnes et vallées.

    Le parcours terrestre de cet inlassable « marcheur de Dieu » va se terminer en Vivarais, fin décembre 1640. Malgré une violente tempête de neige, il se met en route pour Lalouvesc, aujourd’hui département de l’Ardèche. Comme à son habitude, il se donne sans compter à toutes ces familles des hameaux de l’Ardèche profonde, il passe des heures dans l’église glaciale de décembre pour écouter, réconcilier, donner les sacrements, et contracte une pneumonie. Alité, il ne va plus se relever : il meurt le 31 décembre, alors que le village est entièrement isolé par les neiges…

  2. Si ce voyage de Loisieux à Ars a eu lieu, il conviendrait, pour la bonne précision des choses, de savoir par quel moyen, par quelle route, en combien de temps ; et aussi à quelle date , obligatoirement entre juillet 1848 et avril 1849.
    Il faut également supposer que Loisieux se trouvant en territoire italien, il a fallu passer la frontière, à un poste de douane, à Yenne par exemple : les papiers et lesquels étaient-ils nécessaires à cet effet ?

    1. Légende ou pas…
      Il semblerait que Monsieur Philippe a bien étudier le Petit Grand curé d’ ARS :
       » Notre corps n’est qu’un tas de pourriture : ALLEZ VOIR AU CIMETIERE CE QU’ ON AIME QUAND ON AIME SON CORPS !  »
      (Cette image brutale, le curé d’ Ars s’en servira plusieurs fois.)
      Extrait : Michel de Saint Pierre. La vie prodigieuse du curé d’ ARS. Gallimard .

       » Ne soyez pas orgueilleux, ne vous croyez pas quelque chose, ne soyez rien, car vous n’êtes pas grand-chose; un vilain sac de pourriture, pétri des sept péchés capitaux, voilà ce que nous sommes.  »
      Philippe de Lyon .
      Extrait : Vie et Paroles. Alfred Haehl

      1. Parole que ceux qui vont à Ars adorer un corps dans une chasse semblent méconnaitre …depuis bien longtemps…

        1. Adorer un corps ne suffit peut-être pas…
          Quand le coeur saigne et l’âme trop de peine…
          Déposer son fardeau à haute voix, cela est encore possible auprès du Petit curé, l’église est parfois déserte.
          Certitude d’avoir été entendue… Bien au delà de toute espérance.
          Et, il en fut de même auprès de la Petite Bernadette de Lourdes, à Nevers.
          Témoigner est un devoir…Non, pour convaincre.

      2. Sachant que la phrase attribuée au Curé d’Ars remonte à une époque un peu plus ancienne, après une petite enquête sur internet.
        Elle figure en effet déjà dans un livret de 1759, qui recense quelques expressions campagnardes du 18e siècle. Mais voici le titre de l’ouvrage:
        « Les petits prones ou instructions familières, principalement pour les peuples de la campagne »
        ouvrage de MDCCLIX (1759)
        Apprécions :-)

    2. J’ai tenté une expérience : je me suis mis à la place d’un voyageur qui, de nos jours, voudrait rejoindre les Rubathiers, hameau distant d’environ 100 mètres du village de Loisieux, et se rendrait à Ars, non pas par autoroute mais par les départementales qui ont remplacé les routes anciennes.
      L’itinéraire emprunte des routes plus ou moins petites avec de très nombreux virages (projection controlée sur plusieurs sites de calcul). Par Ameysin on rejoindrait à 6,5 km Yenne (où se trouvait la frontière) pour prendre la route de Belley (à 10 kms plus loin), puis par différentes routes la direction de Argis (32 kms plus loin), la vallée de l’Albarine jusqu’à Ambérieu-en-Bugey (à 19 kms) puis, après avoir traversé la rivière d’Ain, par différentes routes connectées entre elles pour arriver à Ars 45 kms plus loin, soit un voyage total d’environ 115 kilomètres.
      J’imagine les souffrances qu’une future mère (Marie) a pu endurer en 1848 sur un tel trajet où les routes étaient moins praticables que maintenant.
      Je me garderai bien de faire un commentaire mais je laisse à chacun la possibilité de réfléchir à ce sujet…

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